Je poursuis mes lectures estivales. Après « Un soir d’été », place à « Dîner à Montréal » de Philippe Besson. Cette fois-ci, c’est la quatrième de couverture qui m’a donné envie de me procurer ce livre.
Quatrième de couverture : Ils se sont aimés, à l’âge des possibles, puis quittés, sans réelle explication. Dix-huit ans plus tard, ils se croisent, presque par hasard, à Montréal. Qui sont-ils devenus ? Qu’ont-ils fait de leur jeunesse et de leurs promesses ? Sont-ils heureux, aujourd’hui, avec la personne qui partage désormais leur vie ? Le temps d’un dîner de retrouvailles – à quatre – chaque mot, chaque regard, chaque geste est scruté, pesé, interprété. Tout remonte à la surface : les non-dits, les regrets, la course du temps, mais aussi l’espérance et les fantômes du désir. À leurs risques et périls.
Mon avis : En général, je ne suis jamais déçu par les romans de cet auteur. Une fois de plus, le livre est court (154 pages) et se lit donc rapidement. Le livre est structuré par petit chapitre (idéal pour une lecture le soir avant de dormir). Ici, le lecteur retrouve l’émotion de « Arrête avec tes mensonges » en explorant ce qui reste des amours impossibles et/ou ratés.
Nous assistons aux retrouvailles de Philippe et Paul lors d’une séance de dédicaces. Puis le reste du roman se déroule au restaurant, autour d’une table de 4 personnes composant les deux couples actuels.
La soirée est vraiment bien racontée avec les non-dits, le temps qui défile et l’espoir d’une explication 18 ans après. J’ai beaucoup aimé les quelques chapitres où Philippe et Paul se retrouvent en tête-à-tête lors de petits moments du dîner.
Etre quitté sans réelle explication… C’est ce qui m’a interpellé dans la quatrième de couverture et c’est ce qui fait le parallèle avec mes propres souvenirs. Du coup, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir vécu ce dîner, en tout cas, je m’y suis vu.
Un bon livre à lire. Même s’il a un peu réveillé d’anciens souvenirs sur lesquels je suis en train de travailler…
On ne se défait pas si facilement d’un sentiment comme celui-ci. ça avait eu le temps de s’ancrer, de grandir, ça avait presque tout envahi. Mais pas comme une maladie, je sais ce que c’est la maladie, plutôt comme quelque chose de végétal, comme une plante qui prolifère, qui s’enroule. […] Et tu m’as manqué. Beaucoup. Vraiment beaucoup. C’est terrible le manque, il te ronge, il te tord le ventre. C’est une sensation physique, ça ne te quitte pas. Et il y avait la vexation, la honte, parce que je n’avais pas été choisi. On croit que ça tue le sentiment mais non, ça le maintien en vie au contraire. ça fait qu’il est toujours là, comme pour vous rappeler notre défaite. Il y avait de la rancœur, parce que j’étais convaincu que tu avais fait le mauvais choix, ou au moins que tu avais fais ton choix pour de mauvaises raisons. Et la rancœur, elle aussi, elle garde le sentiment vivace. Et puis je n’arrivais pas à te remplacer, au début. Je n’avais envie d’aucun homme. Ou alors ils ne s’intéressaient pas à moi, ils devaient voir ma mélancolie. Ca tient toujours à l’écart la mélancolie. Ou tout simplement j’étais redevenu ce type lambda, sur qui on ne se retourne pas. ça rendrait encore plus précieux que toi, tu te sois retourné, un jour. Alors, oui, je t’ai aimé longtemps, après.
Bref, une lecture troublante mais nécessaire, qui m’a ramené à mes propres silences. Un roman touchant, tout en retenue, qui m’a parlé bien au-delà de la fiction.