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Pas de vagues

A la base, je pensais à un film autour des problèmes d’actualité de laïcité à l’école… Au final, il n’en est rien et le réalisateur (Teddy Lussi-Modeste) s’est inspiré de son histoire pour ce film qui offre un très beau rôle, à contre emploi, à François Civil.

De quoi ça parle ? Julien est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d’autres intentions. Julien est accusé de harcèlement. La rumeur se propage. Le professeur et son élève se retrouvent pris chacun dans un engrenage. Mais devant un collège qui risque de s’embraser, un seul mot d’ordre : pas de vagues…

Mon avis sur le film : C’est un coup de coeur (le plus important de ce début d’année ciné 2024) pour plusieurs raisons : la justesse (de mon point de vie extérieur de l’institution scolaire) de l’histoire, le rôle de François Civil et la mise en tension progressive tout au long du film. Je me suis même vite demandé combien de temps allait tenir Julien…

Dès le début du film, le spectateur assiste au cours (et certes au quiproquo du prof) qui déclenchera l’accusation de harcèlement. Suite à ça, tout va s’enchainer et Julien (professeur investi) va vite comprendre l’ampleur de ce qui l’attend.

Le tout est très progressif et l’intensité monte au fur et à mesure : le soutien total du corps enseignant au début pour se déliter de plus en plus (partagé en milieu de film) pour disparaître totalement à la fin. La menace pesant sur Julien est également crescendo même si les menaces de mort sont très rapides (mais sous le coup de l’émotion selon la policière….) et vont quand même s’intensifier au fil des nouveaux éléments rendus publics (l’outing de Julien par une vidéo). On ressent d’ailleurs vraiment la peur de Julien quand il rentre chez lui à pieds.

Le film montre vraiment les faiblesses de toute l’institution scolaire avec des directeurs d’établissement frileux pour protéger un prof et le rectorat qui semble complément s’en foutre.

S’il faut donner une faiblesse au film, c’est peut-être le fait que le personnage de Leslie ne soit pas plus abordé (elle se trouve elle aussi dans un engrenage dont elle ne peut sortir avec son frère violent et flippant).

Scènes marquantes du film : Ce qui m’a frappé à quelques reprises, c’est l’humour (noir) de Julien face à cette histoire. “Je lui donne ma place si elle veut” quand la jeune prof dit que la prof un peu lourde aime être au centre de tout. Et aussi le vote que propose ironiquement Julien vers la fin (quand il se fait lâcher complétement). La scène du conseil de classe est également intéressante quand Julien remet plus ou moins tout le monde à sa place et face à leurs contradictions. Et hors contexte scolaire, les scènes de couple de Julien et Walid (mention à Shaïn Boumedine) sont vraiment belles (début du film quand Julien devient inquiet) et celle qui suit la dispute au repas.

Du côté de la BO : “Every Single Day” vient apporter un peu de légèreté en milieu de film avec la vidéo circulant en un temps record sur les téléphones des élèves du collège et en toute fin de film.

Bref, ce film est une réussite totale même s’il fait froid dans le dos de voir cette perte d’autorité face aux élèves et cette absence de soutien des professeurs. Certes la fin brutale peut surprendre mais elle ne m’a pas choquée. Pour moi, j’en conclu que Julien est tout simplement complétement à bout.

A lire : Je viens de tomber sur cette excellente critique. Foncez la lire en complément de mon article :

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