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120 battements par minute

Il s’agit du film dont j’attendais patiemment la sortie depuis qu’il a obtenu le Grand Prix du jury au Festival de Cannes (tout en espérant qu’il soit programmé dans mon cinéma). Après le film “Lion”, “120 battements par minute” est sans aucun doute le deuxième chef-d’œuvre cinématographique de cette année 2017. Réalisé par Robin Campillo, c’est un film engagé, un film historique, un film pour se souvenir !

De quoi ça parle ? Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale.
Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.

Contexte : Pour les plus jeunes, pour ceux qui ne s’intéressent pas au sujet, rappelons que le film se déroule en 1992, que les trithérapies n’existent pas encore et que les moyens de communications actuels étaient loin d’exister (pas d’Internet, pas de réseaux sociaux, …). Rappelons aussi le scandale du sang contaminé qu’avait connu la France.

Mon avis sur le film : Très honnêtement, on ne voit pas passer les 2h22 ! Le film commence avec une scène de présentation et d’explication du mouvement aux nouveaux militants (et donc aux spectateurs). La première partie (collective) du film alterne entre les réunions hebdomadaires (parfois ‘mouvementées’ quand différentes opinions et approches s’opposent) et la réalisation des actions “coup de poing”. Nous faisons alors connaissance avec les différents protagonistes du mouvement : Sean, Nathan, Thibault, Marco, Hélène, Sophie, Max, Germain, Jérémie, … un groupe de jeunes (et de mois jeunes) qu’ils soient  séronégatifs, séropositifs, en phase avancée du SIDA, homo, bi, lesbiennes, hétéros ou encore hémophiles (et donc contaminé suite à une transfusion).

Après un baiser échangé lors d’une action, le film est ensuite un peu plus individuel avec cette histoire d’amour entre Sean et Nathan. Une belle histoire qui s’annonce malheureusement de courte durée puisque la maladie et la mort va les séparer. Le spectateur entre vraiment dans l’intimité de ce couple où la discussion se fait beaucoup autour de la maladie (comment Sean a été contaminé, comment Nathan s’est ‘protégé’ de l’épidémie) et de ses terribles conséquences (perte de poids, diarrhées, mycoses, maladie de kaposi, problème des voies respiratoires, …) avec la surveillance et l’évolution des T4.

C’est seulement au cours de cette partie que le film devient forcément plus triste quand on comprend que cette belle relation amoureuse sera stoppée nette par la mort.

Le film redevient ensuite collectif. C’est là qu’on se rend compte de ce qui lie les membres de ce mouvement. Car malgré les désaccords et les légères engueulades, les membres restent soudés. Ils arrivent tous pour se soutenir les uns et les autres suite au décès de l’un de leur militant avant de reprendre leurs actions pour poursuivre la lutte.

La dernière scène de sexe est également très belle même si elle peut passer pour incompréhensive. Après réflexion, elle résume un peu l’état d’esprit des malades et des vivants : continuer à vivre, à survivre, à profiter malgré la douleur de la perte des malades.

Scène(s) marquantes du film : Pour ma part, j’ai apprécié la scène lors de l’action de prévention dans le lycée (que l’on voit au début de la bande annonce). Une action sans violence, où ils arrivent à toucher quelques personnes. C’est aussi grâce à cette action et la réaction débile (mais tellement fréquente à cette époque) d’une jeune lycéenne que débute la très belle relation Sean/Nathan (bien que tout – ou presque – les oppose). A retenir aussi, une des scènes à l’hôpital dans l’intimité de Sean et Nathan très ‘belle’ et intense.

D’ailleurs, mention spéciale pour le choix des acteurs qui occupent leurs rôles à la perfection avec un coup de coeur pour Nahuel Pérez Biscayart et Arnaud Valois (dont tout spectateur est obligé de tomber sous le charme et la beauté – au sens large –  du personnage et de l’acteur).

Enfin, ce n’est plus une scène mais c’est tout comme ! Le générique de fin qui défile sur un fond noir sans aucune musique. Le silence total dans la salle accentue encore plus la claque que l’on vient de se prendre. Un silence que je n’avais jamais connu, un silence que personne n’ose rompre en restant bien au fond de son siège.

Du côté de la BO : Avec des sons de ces années 1990 et les scènes nocturnes, la BO est forcément de qualité. Avec une mention toute particulière pour “Smalltown Boy” présente sur la bande annonce.

Bref, le film est sorti ce mercredi 23 août. J’espère qu’il a déjà fait un nombre important d’entrées car il est important d’aller le voir pour de multiples raisons : pour savoir (pour les plus jeunes dont certains pensent malheureusement qu’on guérit de ce virus), pour se souvenir de cette époque pourtant pas si lointaine, pour ceux qui ont survécus et qui survivent encore aujourd’hui, pour rendre hommage à ceux qui se sont battus (contre les pouvoir publics , contre les laboratoires, contre leurs familles, contre les préjugés, …), pour se souvenir de ceux (beaucoup trop nombreux) qui sont morts * et qui en meurent encore aujourd’hui et pour se dire que le combat n’est pas terminé (surtout quand on voit que les soins funéraires aux séropositifs ne seront plus interdit à compter de début 2018 – comment imaginer que ça l’était encore ! – et qu’une pétition circule pour s’y opposer).

Courrez voir cette merveille cinématographie (sans oublier le paquet de mouchoirs si vous êtes d’un naturel sensible ou non) et préparez vous à aller l’acheter lorsqu’il sortira en DVD.

* Je dédie cet article à Walter G. – une belle connaissance – qui est décédé de ce putain de virus il y a presque 4 ans.

Cet article a 2 commentaires

  1. Annelise CHRISTOPHE

    Trés bien écrit.Cet article me donne encore plus envie de voir ce film. =)

    1. Cyril/R2E

      Merci pour ce commentaire !! Oui, il ne faut plus hésiter et y aller !

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